Fabienne Audéoud, FSB Press, Cécile Bouffard avec Eileen Myles, Pauline L. Boulba, Claude Eigan, Gustave Girardot, Aminata Labor, Natacha Lesueur, Ingrid Luche, Béatrice Lussol, Bruno Pélassy
Malaimées pour leur abord peu commode, leur mine renfrognée et leur vie dans les profondeurs, les murènes ont mauvaise réputation. Comme souvent, c’est injustifié : elles n’attaquent que quand elles se sentent menacées ; autrement elles sont indifférentes et parfois même tendres. Certaines naissent femelles pour devenir mâles au cours de leur vie, ou inversement. Leur apparente bizarrerie les a amenées à devenir les animaux attributs d’Ursula, la « méchante » de la version Disney de La petite sirène, chez qui coïncident une identité de genre trouble et des intentions malfaisantes[1]. Elle les a aussi amenées à symboliser une forme de vie et de désir hors-normes et libérateurs dans le roman d’apprentissage lesbien de l’écrivaine Mireille Best intitulé Hymnes aux murènes (1984).
Rien d’étonnant à ce que cette exposition emprunte son titre à un livre, car elle se nourrit des porosités et des allers-retours entre arts visuels et écriture, dans les pratiques d’artistes et dans l’histoire des lieux. Elle part notamment de l’histoire d’une galerie d’art devenue aujourd’hui librairie féministe et LGBT+ et lieu culturel important du paysage niçois. Fondée en 1998 par Françoise Vigna et Marie-Hélène Dampérat, la galerie Vigna a pendant ses quatre années d’existence mené une programmation libre et dense, guidée davantage par l’amitié et l’expérimentation que par ses modalités d’existence commerciale. Elle s’est fait l’écho d’une jeune génération d’artistes alors lié·es pour certain·es aux ateliers Astérides à Marseille – association aujourd’hui devenue Triangle-Astérides, centre d’art contemporain et résidence d’artistes[2] – avant de devenir, en tant que librairie, passeuse entre des scènes artistiques, littéraires et militantes à l’échelle régionale.
Triangle-Astérides, Centre d’art contemporain d’intérêt national
Friche la Belle de Mai
4ème étage, Tour Panorama
Vue de l’exposition, Aminata Labor et Pauline L Boulba, Dyke JJ Still ©Aurélien Mole