Comment dire sa singularité sans s’exhiber ni s’effacer, quand on évolue entre les cultures d’Islam et une intimité en marge des normes sociales ?

Penser la rhétorique du rideau¹, c’est concevoir une alternative au coming out comme moment unique, irréversible et public de révélation de soi. Plutôt que d’imposer cette transparence totale, le rideau permet un équilibre entre ce qui se montre et ce qui demeure privé. Il définit un espace de négociation et de maîtrise de son propre discours, où chaque personne choisit ce qu’elle dévoile, à qui, à quel moment et dans quel contexte.

L’exploration collective de ces récits a été amorcée à l’automne 2024 par la commissaire d’exposition Inès Geoffroy avec les artistes Meryam Benbachir, Emma Bert Lazli, Reda El Toufaili Kanaan, Mehdi Görbüz, Amine Habki et Sido Lansari, lors d’une journée de performances et de lectures autour de leurs œuvres. Invitée par l’équipe de l’ICI à porter plus loin ces voix dissidentes, elle propose à chaque artiste de les faire résonner dans une installation personnelle afin de prolonger l’élan collectif né de leur première collaboration. Les espaces de création se font aussi refuge, où la notion de « famille choisie » rejoint celle de « famille artistique ». Exprimant d’autres manières d’être au(x) monde(s), ils et elles cherchent à préserver des archives fragiles et revendiquent le droit à la complexité. 

¹  Notion empruntée à l’ouvrage Amour – Révolutionner l’amour grâce à la sagesse arabe et/ou musulmane de Jamal Ouazzani, éd. Leduc Société, 2024.