Le prix du ticket

Aline Bouvy

Commissariat : Marie de Gaulejac, Victorine Grataloup et Thomas Conchou
03 février – 2 juin 2024
– vernissage le 2 février 2024

a première exposition de 2024 à Triangle-Astérides, qui fêtera ses 30 ans au cours de l’année, est le premier solo institutionnel de l’artiste Aline Bouvy en France, co-pensé et co-produit avec le centre d’art de la Ferme du Buisson où il sera présenté à l’automne (du 6 octobre 2024 au 26 janvier 2025).

Son titre, Le prix du ticket, joue sur le double sens du mot prix : il s’agit tout à la fois de ce dont le public doit matériellement s’acquitter pour entrer dans un parc d’attraction, avec les attendus et normes duquel joue l’installation d’Aline Bouvy ; mais aussi sur un plan symbolique de ce qu’il en coûte, ce que l’on doit sacrifier.

Structure blanche déposée sur le bâtiment de la Friche la Belle de Mai, l’espace comme le nom du Panorama évoque en effet pour Aline Bouvy les architectures des parcs d’attractions et parcs à thèmes ainsi que les constructions éphémères des grandes expositions internationales. Lorsqu’on se tient à l’intérieur, la vue grandiose sur Marseille cadrée par l’immense baie vitrée fonctionne comme un panoptique : la position du point de vue surélevé confère un sentiment de grandeur et de puissance, comme dans une tour de contrôle dans laquelle on devient l’observateur·rice distancié·e d’un monde devant soi.
Aux angoisses provoquées délibérément par les attractions de style maison hantée ou train fantôme se superpose une autre forme d’angoisse psychologique, celle d’un monde distordu dans l’interprétation de son histoire, suscitant la mélancolie générale d’un passé qui n’a jamais été.

Aline Bouvy imagine ainsi au Panorama un environnement dans lequel l’angoisse serait provoquée par un excès de blanc (couleur de la boîte même, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur) reprenant les codes du « white cube » aussi bien que ceux des intérieurs chics minimalistes et chromophobes. Par un travail de sculpture, de costumes et une performance chorale – des oeuvres toutes inédites –, l’exposition évoquera l’inquiétude suscitée par la prétendue neutralité d’un blanc presque trop blanc impliquant un certain ordonnancement du monde.

Triangle – Astérides, Centre d’art contemporain d’intérêt national
Friche la Belle de mai
41 rue Jobin, 13003 Marseille

Aline Bouvy, Complicated Pleasures, 2022 Jesmonite, pigments, bronze, 103 x 33 x 20 cm
Photo : Isabelle Arthuis